Interview d'Aline Bissey pour Chinon en Jazz
Aline Bissey, artiste tourangelle programmée au festival Chinon en Jazz, nous présente "Fife and Drums", son nouveau projet mêlant flûtes et percussions ! À découvrir sur la place du marché de Chinon, le dimanche 5 juin à 12h.
Qu es-tu ?
Je suis Aline Bissey, je suis flûtiste et je joue dans plusieurs groupes de musique, notamment YMIR, qui est un groupe pour lequel je compose la musique. Je joue aussi des flûtes avec la compagnie du Coin et aussi dans le projet « Fife and Drums », que je présenterais au festival Chinon en Jazz le dimanche 5 juin à midi sur la place du marché.
Peux-tu nous parler de ce projet justement
Ce projet se joue autour une flûte piccolo – une petite flûte – qui est accompagnée par deux caisses claires et une grosse caisse. C’est une musique que j’ai découvert dans des documentaires d’Alan Lomax datant des années 1980, dans ses recherches sur le blues. Il était au Nord du Mississippi,pour rencontrer des bluesmen et notamment Othar Turner et Napoleon Strickland qui sont deux personnes qui chantent, joue de la flûte, des percussions et qui sont aussi guitaristes. À travers ces reportages, j’ai découvert pour la première fois la forme Fife and Drums déconnecté de la forme militaire connue des Fifres et Tambours.
À travers ces documentaires et en creusant un petit peu, j’ai remarqué qu’il y a vraiment dans ces régions du Mississippi, un développement de ces musiques. À l’origine ce sont des musiques qui étaient jouées lors de pique-niques en famille le dimanche après-midi et qui étaient transmises de manière orale. Othar Turner a, par exemple, transmis à sa fille qui l’a ensuite transmis à sa petite fille, qui en joue encore.
Ces archives m’ont servi de point de départ. Ça m’offre un incroyable terrain de jeu pour expérimenter ce son avec les percussions : les caisses claires et la grosse caisse. Ça a été une base de travail sur laquelle j’ai pu m’appuyer pour ensuite me donner plus de liberté, notamment dans l’improvisation, qui est très présente dans ce projet.
Ce sont des petits motifs rythmiques et mélodiques qui viennent sur le moment, il y a très peu d’écriture. Lorsqu’il y en a, c’est sur fond de mélodies ou motifs répétitifs ou encore de chant.
On chante tous les trois dans ce projet et ce sont des chansons assez spontanées et simples, voir presque un peu naïve, qui font écho aux motifs qui peuvent être joués à la flûte piccolo.
Qui sont les musiciens qui t’accompagnent sur ce projet ?
C’est plutôt à géométrie variable. Je fais partie du Capsul Collectif et de fait beaucoup de musiciens de ce collectif peuvent me rejoindre sur le projet. Pour Chinon en Jazz, Alexandre Berton, Pauline Bourguère et Axel Gaudron m’accompagneront aux percussions.
Cette formation flûtes/percussions, c’est une première pour toi ?
Oui ! C’est la première fois que je travaille sur un ensemble musical aussi épuré. J’ai un intérêt pour ce type d’ensemble où on est assez éloigné d’une norme de musique actuelle, c’est-à-dire loin des instruments harmoniques ou de la basse. Il y a certes de la contrainte mais ça me laisse pas mal de liberté à la flûte et me permet de naviguer entre, soit me fondre dans le son des caisses claires lorsque je joue dans les médiums, soit prendre une place de soliste avec de la mélodie quand je joue dans les aigus. De passer de l’un à l’autre rend le son plus variant et plus vivant.
Tu connais le festival Chinon en Jazz ?
Oui ! J’y suis déjà allé en tant que spectatrice mais j’y ai aussi joué il y a quelques années avec un ensemble de musiques de l’Est. C’est une super ambiance et je trouve d’ailleurs que « Fife and Drums » s’y prête vraiment bien, parce que c’est une forme qui amène vraiment à de la proximité et de l’interaction avec le public.
Des artistes programmé.e.s au festival que tu veux absolument voir ?
Je vais aller voir Naïssam Jalal bien évidemment ! Mamie Jotax aussi et les copains du Cubik Trio !
Propos recueillis par Justine Blin