
Le journal de bord de notre chargé de production en Staff Exchange au Südtirol Jazz Festival
FX, notre chargé de production, s'est rendu dans les montagnes italo-autrichiennes début juillet pour s'immerger dans l'organisation du Südtirol Jazz Festival le temps d'une semaine, dans le cadre du programme de Staff Exchange mis en place par l'Europe Jazz Network. Retour sur son expérience à travers son journal de bord.
Lundi 30 juin 2025
Après un long trajet en train, j’arrive sous une pluie torrentielle à la gare de Bolzano, au nord de l’Italie. Le concert de NUBU, qui devait se dérouler dans la soirée en extérieur, a été annulé en raison du temps. Je retrouve alors Max et Roberto, membres de l’équipe du festival, au Batzen Sudwerk CA’ De Bezzi pour le concert suivant, Euregio Jazzwerrkstatt. Ils me font un accueil très chaleureux puis nous écoutons le groupe, Max m’expliquant que les musiciens s’étaient rencontrés pour la première fois trois jours avant cette performance. J'en garde un super souvenir, chaque instrumentiste jouant des morceaux des uns et des autres.
Max me demande, par la suite, mes attentes concernant ce Staff Exchange et me propose de le suivre lorsque j'ai du temps libre pour observer son travail. Roberto, quant à lui, m’attribue mes principales missions durant ce séjour : de l’accueil artiste et public, avec notamment Andrea, responsable de cette partie sur le festival.
Mardi 1er juillet 2025
C’est officiellement mon premier jour sur site et je me rends compte que je n’ai pas reçu mon planning, à la suite d’un quiproquo avec Andrea. Je demande donc son numéro à Max et, après un bref échange, je le rejoins au Bunker, à seulement une demi-heure de marche de ma position.
J'arrive dans une immense galerie de plusieurs kilomètres, qui a été occupée par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale, et qui sera utilisée pour une déambulation avec le duo Camila Nebbia et Dan Kinzelman dans quelques heures. C’est très impressionnant.
Nous nous occupons avec Zeyzey - étudiante, embauchée sur le temps du festival - de l’installation des lumières et de l’accueil du public. La déambulation s’est bien déroulée et ce fut une très belle expérience, malgré la difficulté qu’a été de contenir les spectateur·ices qui ne respectaient pas les délimitations de la scène, les musicien·nes ayant fini les pieds dans l’eau.
J’ai ensuite eu un rendez-vous à 17h à l’hôtel Mondschein avec Maurizio - en charge du transfert des artistes - pour emmener le groupe Andi Tauch PULS ft Jahson the Scientist à Zoona. C’est un squat très sympa géré par des skateurs et nous sommes très bien accueillis par les personnes qui vivent sur place.
Les balances se passent sans problème jusqu’à ce qu’un orage éclate. Nous nous mettons à évacuer de l'eau de la zone "public" avec un balai pour permettre au concert d’avoir lieu. Tout se finit bien et dans une belle ambiance, avec une performance entre le jazz, le rock et le hip-hop.
Nous quittons le lieu vers 23h15 et j'assite à la fin du concert de Sc’ööf au Batzen Sudwerk CA’ De Bezzi, une musique très expérimentale qui m’a plu.
Mercredi 2 juillet 2025
Je croise Max au petit déjeuner et, n'ayant rien de prévu ce matin, je le rejoins au bureau de production du festival situé au deuxième étage du café Casa Bella, un bâtiment du XIIIème siècle avec des peintures murales datant du XVIème siècle. C’est également le point d’information pour le public et d'accueil pour les artistes, qui viennent y récupérer leurs plannings et tickets repas. Max m’explique alors les dessous de l’organisation du festival :
- Stephan est le président de l’association, Roberto, vice-président et Max, directeur des opérations et salarié à temps plein. Ils s’occupent ensemble de la direction artistique et de la programmation depuis trois ans.
- Julia s’occupe de la production et est salariée à mi-temps.
- Jozef est freelance et a la charge de toute la logistique des runs et des transferts du festival.
- Le Südtirol Jazz Festival a quarante-cinq scènes pour soixante concerts durant deux semaines.
Après cela, je rejoins Maurizio dans un cinéma indépendant du centre-ville pour préparer l’accueil public et artiste d’un ciné-concert autour du film muet Der Mandarin, du réalisateur austro-hongrois Fritz Freisler, qui a été autoproduit en 1918. Le concert est joué par De Beren Gieren avec Dan Kinzelman en invité, j’ai beaucoup aimé.
Le soir, j’assiste à une partie du concert de Kabarila au Batzen Sudwerk CA’ De Bezzi, très impressionné. Les artistes jouent durant plus de cinq heures sans interruption, le public dansant dans une ambiance de “fête”.
Jeudi 3 juillet 2025
Ce matin, je ne travaille pas et j’en profite pour aller sur le marché acheter des fromages locaux : du Monte Vecchio Monate, du Bergkäze Würzig et du Dolomit Würzig.
Je rejoins ensuite mes collègues du jour - Federico, Aytchack et Alma - pour déjeuner et nous partons dans un grand chalet/restaurant en montagne pour l’installation du groupe Poeij. L’ensemble se fait assez rapidement, nous en profitons donc pour faire connaissance. Le concert est un duo batterie / voix que j’ai trouvé très beau.
Nous restons manger tous ensemble au chalet, c’était délicieux.
Vendredi 4 juillet 2025
J’ai rendez-vous très tôt ce matin avec Alma et Daniele pour récupérer du matériel et préparer l’accueil de Ronny graupe’s Szelest’ dans le jardin du Parkhotel Holzner à Ritten. L’endroit est très beau, dans un village de montagne avec une vue imprenable. Après la désinstallation et le rangement, je redescends avec le Cablecar à travers la montagne. C’est magnifique.
Je rejoins ensuite Maurizio, Zeyzey et Aytchack pour préparer le concert de Sylvain Rifflet au Parkhotel Laurin dans le centre de Bolzano. C’est un hôtel de luxe avec un très grand parc dans lequel se déroulera le show. Sylvain et Bettina Kee – claviériste du groupe - sont arrivé·es la veille en voiture car leurs trains ont été annulés pour cause d’intempéries. L’heure du concert approchant et le batteur, Nicolas, n’étant toujours pas arrivé pour les mêmes raisons, je me dirige à la gare en espérant le récupérer à temps mais il n'apparait qu’à 20h15, soit 45 minutes avant le début du concert. Une fois sortis de la gare, nous partons à toute vitesse vers le Parkhotel pour permettre à Nicolas de faire une rapide balance. Malgré cet imprévu, le concert fut incroyable et j’ai eu un énorme coup de cœur.
Samedi 5 juillet 2025
C’est mon dernier jour avant le grand départ et avec Andrea, Zeyzey et Aytchack, nous prenons la route vers le Rifugio Feltuner Hütte, un restaurant traditionnel en pleine montagne. Sur place, nous installons la signalétique et des bancs en bottes de foin pour le public, le concert se déroulant en extérieur. Le groupe, She’s Analog, est super, dans un style rock progressif très lent et très adapté au lieu.
Après avoir mangé sur place, je redescends et suis rejoint par Maurizio et Fabrizio. Nous partons préparer les concerts de Fade In et The Sleep Of Reason Creates Monsters à la Fondazione Antonio Dalle Nogare Stiftung, une galerie d’art contemporain privée très spacieuse. Fade In se déroule dans une grande salle avec une belle réverbération naturelle. Le concert est bien mais je me sens trop fatigué pour l’apprécier à sa juste valeur, la musique étant très intense. La performance suivante - The Sleep Of Reason Creates Monsters - me réveille et je me connecte profondément à leur musique.
Après le rangement, je vais rejoindre Stephan, Roberto et Max pour faire un court bilan et se dire “à bientôt !”. J’espère sincèrement avoir la possibilité de revenir au Südtirol Jazz Festival, ayant été marqué par la gentillesse, l’accueil et le professionnalisme de mes collègues de la semaine.
Je voudrais particulièrement remercier Max, Roberto, Andrea et Maurizio, sans qui mon expérience n’aurait sûrement pas été aussi facile et drôle. Merci également à l’Europe Jazz Network d’avoir rendu ces rencontres, au sens large, possibles.
Texte : FX Madamet et Mame Bousso