Bruno Ruder, nouvel artiste associé du Petit faucheux
Le mandat de notre duo de saxophonistes franco-belge a pris fin cet été. Nous remercions encore Bo van der Werf et Léa Ciechelski pour leur investissement, leur inventivité et leur engagement. Nous aurons au cours de ces deux ans diffusé leurs projets respectifs (Octurn, Franges, Prospectus, Big Fish, Meije, le duo avec Jozef Dumoulin...), mais aussi imaginé un quintet commun (Home orchestra), conçu avec eux de nombreuses actions culturelles et pour finir, nous avons organisé un concert caritatif pour l’association SOS MÉDITERRANÉE. Iels passent maintenant le relai à Bruno Ruder.
Pianiste éclectique et inclassable, Bruno Ruder occupe une place singulière dans le paysage du jazz français. Depuis sa sortie du CNSM de Paris en 2003 – couronnée par un 1er prix de piano – il n’a cessé de tracer un chemin personnel, hors des cadres stricts, mêlant tradition et avant-garde, jazz acoustique et expérimentations électriques. S’il est aujourd’hui reconnu comme l’un des musiciens les plus inventifs de sa génération, c’est autant pour la richesse de son langage que pour la liberté de ses choix artistiques.
Dès le début des années 2000, il cofonde le trio Yes is a pleasant country avec le saxophoniste Vincent Lê Quang et la chanteuse Jeanne Added (que nous retrouverons en 2026 au Théâtre Olympia), posant les jalons d’une esthétique ouverte, entre poésie, impressionnisme sonore et interplay subtil. Il devient rapidement un partenaire recherché, jouant aux côtés de figures majeures telles que Riccardo Del Fra, Joey Baron, Kenny Wheeler, Dave Liebman ou encore Kurt Rosenwinkel.
Mais Bruno Ruder ne se laisse jamais enfermer dans un style : entre 2008 et 2011, il rejoint le mythique groupe de rock progressif Magma, enregistrant plusieurs albums et participant à leur 50e anniversaire à la Philharmonie de Paris. Il poursuit ensuite l’aventure électrique avec des projets comme One Shot, Radiation 10 ou encore l’ONJ dirigé par Frédéric Maurin, où il officie aussi bien au piano qu’au Fender Rhodes.
C’est en solo que son geste artistique se révèle le plus intime. Avec Lisières (2014), puis Anomalies (2022), il construit une œuvre sobre et profonde, explorant les marges entre écriture et improvisation, les silences, les ellipses et les bifurcations. Enregistré dans les conditions du direct, Anomalies témoigne d’une prise de risque rare et d’un art du dépouillement qui évoque aussi bien Paul Bley que Ran Blake. Ce disque le place parmi les trois pianistes français de l’année en 2023 et 2024, selon Jazz Magazine et Jazz News. Artiste discret mais essentiel, Bruno Ruder défend une vision sensible et exigeante de la musique : une esthétique de la nuance, du tremblement, de l’imprévisible. Pianiste de l’ombre et de la lumière, il incarne une forme de liberté musicale profondément contemporaine, où la beauté naît souvent de l’accident et du fragile.
Nous présenterons différents projets qui lui tiennent à cœur. Il participera à la vie de l'équipe, à nos actons culturelles, et nous porterons avec lui de nouvelles créations à venir.