
Rencontre avec Jean Saint Loubert
À l'occasion de sa venue au Festival Émergences, nous avons posé quelques questions au musicien Jean Saint Loubert, leader du groupe éponyme que l'on retrouvera à la soirée TRéma le 8 novembre 2025 au Bateau ivre.
Comment est né votre projet ? Quelle a été l’envie ou le besoin artistique à l’origine du groupe ?
Ce projet est né d’un besoin personnel d’expression. En tant que sideman depuis plusieurs années, j’ai souvent été au service des idées et des univers des autres artistes. J’ai ressenti l’envie de créer un espace où je pourrais enfin développer ma propre identité musicale, explorer mes inspirations et mes compositions sous mon nom. C’était également l’occasion de jouer avec deux amis rencontrés lors de mes études dans la superbe école qu’est le CMDL : Thomas Le Galo à la batterie et Ludo Prieur à la basse et à la guitare.
Comment décririez-vous votre univers sonore à quelqu’un qui ne vous a jamais entendu ?
Notre univers sonore est assez vaste, même si nous ne sommes que trois sur scène. Il y a beaucoup de combinaisons possibles entre les instruments : je joue du piano, du bugle et du synthé, Ludo alterne entre basse, guitare et contrebasse tandis que Thomas est à la batterie. Les influences sont variées mais on essaie toujours de garder une cohérence dans l’esthétique et dans la manière d’aborder les morceaux.
Quelles sont vos principales influences musicales — ou extra-musicales ?
Mes influences sont assez variées et reflètent mon parcours de musicien. J’ai commencé très jeune par la musique classique et baroque : le clavecin d’abord, puis la trompette. Après ça je me suis mis à fond dans le jazz, c’est vraiment devenu ma culture principale, celle qui structure ma façon d’écouter, de jouer et de composer. Au fil du temps, j’ai aussi eu envie d’explorer d’autres univers : la musique brésilienne et le flamenco notamment, que j’ai découvert au CMDL, une école qui encourage l’ouverture à différentes esthétiques musicales. Je m’inspire aussi beaucoup des sonorités ambient et électro, avec des artistes comme Bada-Bada ou Floating Points. En dehors de la musique, mes principales sources d’inspiration viennent des voyages. Je crois que sortir du quotidien, découvrir de nouvelles cultures et rencontrer des gens différents est profondément inspirant. Grâce à mon métier de musicien, j’ai la chance de voyager régulièrement, ce qui m’enrichit humainement et artistiquement.
Comment travaillez-vous la création collective au sein du groupe ?
La plupart du temps, je ramène une composition, qu’elle soit presque terminée ou encore à l’état d’ébauche. On travaille ensuite à trois dessus : Thomas et Ludo apportent énormément d’idées, que ce soit sur la structure, la rythmique ou les couleurs sonores. C’est vraiment un travail collectif.
Quel rôle joue la scène dans votre démarche artistique ? Que représente le live pour vous ?
La scène, c’est vraiment l’endroit le plus important pour moi. C’est là que tout se passe et que le lien avec le public se fait de la manière la plus directe. Elle permet d’explorer une autre dimension du projet : celle de l’énergie, de la spontanéité, de l’imprévu.
Quels sont les thèmes ou les émotions que vous cherchez à transmettre à travers votre musique ?
J’essaie avant tout de provoquer une émotion, quelle qu’elle soit. Je pense que chacun peut ressentir la musique à sa manière, et c’est justement ce que j’aime : laisser de la place à l’interprétation. J’essaie aussi de surprendre, de maintenir l’attention et de créer un voyage musical qui capte le public du début à la fin.
Quels sont vos prochains projets ou vos objectifs pour les mois à venir ?
Le projet est encore relativement frais, et nous sommes en pleine phase de recherche artistique pour affiner ce que nous voulons vraiment raconter. Notre objectif principal est de jouer un maximum, pour continuer à explorer notre son et notre identité collective. Nous aimerions également sortir un EP dans l’année qui suit.
Que représente pour vous le festival Émergences et le fait d’y participer pour la première fois ?
Je suis très content de participer au festival Émergences. Le projet est encore dans ses débuts, et pouvoir le présenter dans ce cadre est une excellente manière de le lancer et de le faire découvrir au public.
Votre musique semble jouer moins sur les notes que sur la perception du son lui-même. Cherchez-vous à créer des paysages à entendre… ou des états de conscience à traverser ?
Je ne cherche pas forcément à créer un « paysage » précis, mais plutôt une atmosphère, une sensation. Ce qui m’intéresse, c’est la manière dont le son peut faire naître une émotion ou une image chez l’auditeur. J’aime jouer sur les textures, sur la résonance, sur le silence aussi, tout ce qui fait que la musique devient quelque chose à ressentir, pas seulement à entendre.
Dans un trio où les rôles se déplacent, il n’y a plus vraiment de hiérarchie sonore. Comment trouvez-vous l’équilibre entre la voix individuelle et le souffle commun ?
L’équilibre se fait assez naturellement. On essaie d’être vraiment à l’écoute les uns des autres, de laisser de la place quand il faut et de savoir quand la prendre. Le but, c’est que chacun puisse s’exprimer tout en servant le groupe et la musique avant tout.